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ABSTRACT

This is a critical survey of African oral literature in Allah n’est pas obligé by Ahmadou
Kourouma and Things Fall Apart written by Chinua Achebe. It tries among other things
to examine and show the existence of the elements of oral literature in the said novels.
Chinua Achebe’s Things Fall Apart (1958) and Ahmadou Kourouma’s Allah n’est pas
obligé (2000), are novels from two different periods: the former, a colonial novel and the
latter, a post-colonial novel. These novels are endowed with rich cultural African
heritages. A good number of critics have made several references to the igbonisation of
English language by Chinua Achebe and the malinkenisation of the French language by
Ahmadou Kourouma in these novels. None has dared to compare the two creative works,
as we have attempted in this study, bearing in mind that one of the authors is an
anglophone writer and the other, a francophone writer. Our investigations could not have
claimed to be exhaustive. We are limiting our study to some aspects of oral literature
found in the novels, for example, myths and legends, folklores, songs and drums,
superstitions, and finally, proverbs, which constitute a major theme among others in the
novels. Both Achebe and Kourouma are talking about destructions and wars in their
books, using their maternal languages and the elements of oral literature, to show the
decolonisation of African literature, in other words, the africanisation of the language of
African literature. By so doing, they give value to some of our ancient beliefs and
practices. Some of the instruments of decolonisation used by some writers are translation,
the advocacy for unity and the use of local languages. This study shows that the
development of oral literature promotes modern African literature. If African literature
has attained a high standard today, it is thanks to the role and functions of oral literature
in written African literature. A comparative analysis of Allah n’est pas obligé and Things
Fall Apart shows that Ahmadou Kourouma and Chinua Achebe made use of some
vii
elements of oral literature in both novels. Our research shows that whereas myths and
legends, superstitions and proverbs are found in both Allah n’est pas obligé and Things
Fall Apart, folklores, songs and drums feature only in Things Fall Apart. We went ahead
to show the number of proverbs found in the novels, using these to analyse the frequency
of the proverbs in the two novels. Allah n’est pas obligé is more voluminous and has
more proverbs but our results show that, if Achebe had as many pages as Kourouma, he
would probably have featured more proverbs in his work, Things Fall Apart. We came to
the conclusion that the authors of the two novels, Allah n’est pas obligé and Things Fall
Apart use the resources of oral literature as an instrument of decolonisation or
africanisation of African literature. This study portrays ancient values and promotes
African culture and languages. It is a modest attempt aimed at encouraging other
researchers to carry out a wider research on this topic.

 

 

TABLE OF CONTENTS

TITLE PAGE . . . . . . . . . I
DECLARATION . . . . .. . . . II
CERTIFICATION . . . . .. . . . III
DEDICATION . . . . . . . . IV
ACKNOWLEDGEMENT . . . . – – . V
ABSTRACT . . . . . . . . VI
INTRODUCTION GENERALE . . . . . . 1
0.1 LA VIE DES AUTEURS. . . . . . . 6
0.1.1 LA VIE D’AHMADOU KOUROUMA . . . . 6
0.1.2 LA VIE DE CHINUA ACHEBE . . . . . 6
0.2. OEUVRES DES ECRIVAINS. . . . . . . 8
0.2.1 OEUVRES D’AHMADOU KOUROUMA. . . . . 8
0.2.2 OEUVRES DE CHINUA ACHEBE . . . . . 8
0.3 COMPTE RENDU DES OEUVRES DE BASE. . . . 11
0.3.1 COMPTE RENDU D’ALLAH N’EST PAS OBLIGE . . . 11
0.3.2 COMPTE RENDU DE THINGS FALL APART . . . 11
0.4 ANNONCE DU PLAN. . . . . . . 12
NOTES . . . . . . . . . 13
CHAPITRE 1 – PROBLEME DE LA RECHERCHE
1.0 INTRODUCTION.. . . . . . . . 15
1.1 CE QUI A MOTIVE L’ETUDE. . . . . . .15
ix
1.2 LES OBJECTIFS DE L’ETUDE. . . . . . 16
1.3 ENONCIATION DU PROBLEME. . . . . . 17
1.4 PORTEE ET DELIMITATION DE L’ETUDE. . . . 19
1.5 JUSTIFICATION DU SUJET. . . . . . 20
1.6 IMPORTANCE DE L’ETUDE. . . . . . 23
1.7 LIMITATIONS DE L’ETUDE. . . . . . 25
1.8 DEFINITION DES TERMES-CLES . . . . . 26
1.9 ABREVIATIONS. . . . . . . . 36
NOTES . . . . . . . . . 37
CHAPITRE 2 – ETAT DES ETUDES SUR LE SUJET
2.0 INTRODUCTION . . . . . . . 40
2.1 LES STRATEGIES DE DECOLONISATION DE LA
LITTERATURE EN GENERAL . . . . . 40
2.2 LES ASPECTS DE L’ORALITE. . . . . . 43
2.3 CHINUA ACHEBE, AHMADOU KOUROUMA
ET LES OEUVRES DE BASE. . . . . . 45
2.3.1 CRITIQUES SUR AHMADOU KOUROUMA. . . . 45
2.3.2 CRITIQUES SUR CHINUA ACHEBE. . . . . 47
2.4 CONCLUSION. . . . . . . . 49
NOTES .. . . . . . . . 50
x
CHAPITRE 3 – LA METHODOLOGIE
3.0 INTRODUCTION . . . . . . . 52
3.1 L’APPROCHE HISTORIQUE . . . . . 53
3.2 L’APPROCHE STYLISTIQUE . . . . . 53
3.3 L’APPROCHE THEMATIQUE. . . . . 54
3.4 L’APPROCHE SOCIOLOGIQUE. . . . . . 56
3.5 CONTEXTE DES TEXTES DE BASE . . . . 58
3.6 CONCLUSION. . . . . . . . 58
NOTES . . . . . . . . . 60
CHAPITRE 4 – QUELQUES ELEMENTS DE L’ORALITE DANS LES
OEUVRES DE BASE
4.0 INTRODUCTION. . . . . . . . 62
4.1 LES MYTHES ET LES LEGENDES. . . . . 63
4.2 LES CONTES. . . . . . . . 65
4.3 LES CHANSONS ET LE TAMBOUR. . . . . 67
4.4 LA SUPERSTITION ET LE SURNATUREL. . . . 70
4.5 CONCLUSION. . . . . . . . 73
NOTES . . . . . . . . 75
CHAPITRE 5 – L’USAGE ET LA FREQUENCE DES PROVERBES DANS
LES OEUVRES DE BASE
5.0 INTRODUCTION . . . . . . . 78
5.1 LES PROVERBES. . . . . . . . 78
5.2 L’USAGE DES PROVERBES DANS ALLAH N’EST PAS OBLIGE. 80
xi
5.3 L’USAGE DES PROVERBES DANS THINGS FALL APART .. 85
5.4 LA FREQUENCE DES PROVERBES DANS LES TEXTES DE BASE . 91
5.5 CONCLUSION. . . . . . . . 92
NOTES. . . . . . . . 94
CONCLUSION . . . . . . . 96
BIBLIOGRAPHIE. . . . . . . 98
WEBOGRAPHIE. . . . . . . . . 101

 

 

CHAPTER ONE

 

E PROBLEME DE LA RECHERCHE
1.0. INTRODUCTION
La décolonisation est un terme très connu dans la littérature africaine parce que
cette littérature s’est renforcée dans une crise. Les Blancs, en général voyaient la
littérature africaine au départ comme une partie de la littérature européenne. Ce n’est que
grâce aux travaux des hommes comme l’Abbé Grégoire qui montre; “The intellectual
faculties and moral qualities of the Negro”1 que le monde commence à reconnaître les
capacités intellectuelles de l’homme noir.
Un point de départ commode sera une prise en compte de ce qui a motivé cette
recherche. Nous mettrons à nu ce qui a motivé l’étude, les objectifs de l’étude,
énonciation du problème, portée et délimitation de l’étude, justification du sujet,
importance de l’étude et limitations de l’étude. Nous allons essayer de définir quelques
notions importantes que nous allons employer au sein de l’étude. Finalement, notre
regard sera tourné à certaines abréviations que nous allons employer.
.
1.1. CE QUI A MOTIVE L’ETUDE
Things Fall Apart est une oeuvre classique connue durant nos études secondaires.
Ce qui nous attire à cette oeuvre d’Achebe c’est surtout son style à lui, le foisonnement de
la langue igbo (langue parlée par le groupe ethnique igbo du sud-est du Nigéria) à
l’anglais; en plus l’emploi de diverses ressources de l’oralité – les proverbes, les mythes,
les légendes, les superstitions, le surnaturel, les contes, les chansons et le tambour. En
tant que citoyenne nigériane de la tribu igbo, ce roman nous donne tant de plaisir et de
joie chaque fois que nous le lisons, ceci parce que nous nous trouvons tout naturellement
dans une ambiance qui nous rappelle les cultures, les traditions, les moeurs ou les
16
pratiques de notre peuple. Un style tellement original qui nous donne beaucoup
d’admiration pour le génie créateur. Nous sommes très fiers de Chinua Achebe.
Lors de nos cours de maîtrise, nous avons été obligé de lire Allah n’est pas
obligé comme une oeuvre postcoloniale. Une lecture peu éphémère de ce roman, nous fait
sentir le même goût de lire à plusieurs reprises le texte écrit africain. Une expérience que
nous avons eue avec Things Fall Apart, encore nous constatons les mêmes points
d’attirance. Kourouma dans Allah n’est pas obligé emploie de façon généreuse des
proverbes, à part le foisonnement de sa langue maternelle, le malinké au français. Comme
chez Achebe avec la langue anglaise, nous constatons que Kourouma se sert de bon
nombre de ce qu’ Onyemelukwe appelle “Interlinguistic decolonising strategies” y
compris l’emprunt, l’échange du code et le mélange des codes entre autres,2 ce qu’ elle a
décrit en détail et avec certaines oeuvres de Kourouma.3
En lisant Allah n’est pas obligé, une grande occasion se présente pour une
étude minutieuse et comparée de ces deux textes. L’un est à base francophone et
postcolonial et l’autre est à base anglophone et colonial.
1.2 LES OBJECTIFS DE L’ETUDE
Cette étude a pour but de voir comment les écrivains africains ont utilisé les
ressources de l’oralité dans les oeuvres en partant par l’exemple de Chinua Achebe dans
Things Fall Apart à celui d’Ahmadou Kourouma dans Allah n’est pas obligé. Nous
verrons le pourquoi de cet usage de l’oralité dans la littérature africaine. Est-ce que les
écrivains africains s’adonnent aux ressources de l’oralité dans leurs oeuvres dans le but de
décoloniser la littérature africaine ?
Cette étude cherche à établir que par l’entremise des ressources de l’oralité, la
littérature africaine décrit la culture de l’Afrique. Elle reflète la conscience culturelle
17
africaine. Finalement, nous avons comme objectif dans cette étude de montrer que la
littérature orale africaine joue un grand rôle dans la création de la littérature africaine en
général.
1.3. ENONCIATION DU PROBLEME
La majorité des lecteurs se trouvent dans les pays industrialisés où la situation
matérielle permet au plus grand nombre d’accéder facilement aux ouvrages. En outre, les
maisons d’édition ont été situées dans les pays occidentaux pendant l’ère coloniale. Dans
ces conditions, l’auteur négro-africain se trouve quasiment dans l’obligation d’adapter sa
production aux exigences de ce lectorat occidental, son «public de raison»4 pour
reprendre l’expression de Mongo-Mboussa. Par conséquent, si l’auteur négro-africain
écrivait pour son «public de coeur»,5 il condamnerait à mort son oeuvre dans la mesure où
les pays en voie de développement ne sont pas encore des terrains propices à l’édition et à
la diffusion. Par ailleurs, les objectifs de l’alphabétisation sont loin d’être atteints et le
pouvoir d’achat ne permet pas d’acquérir des livres. Tel était le dilemme de l’écrivain
négro-africain, produire une littérature pour son pays et dans son pays ou des ouvrages
formatés étaient pour un public occidental.6
Les problèmes auxquels tout écrivain africain et, par extension, tout artiste
africain a à faire face, peuvent être comparés, d’une certaine manière, à ceux que les
femmes connaissent lorsqu’elles luttent pour l’égalité des sexes. En fait, les femmes ne
luttent pas pour être considérées comme des hommes mais plutôt pour être considérées
comme des êtres humains. Dans le même sens, les écrivains africains qui revendiquent le
droit d’être acceptés comme écrivains assument pleinement leur africanité.
La problématique de la création de l’oralité relève donc des préoccupations qui
ont conduit les sociologues à mettre en avant le concept de champ littéraire dans la sphère
18
de la culture écrite. L’espace du personnage se trouve confronté au problème de
l’identité de l’écrivain africain. Le découpage littéraire suit les frontières des nations. Ce
choix semble s’imposer à l’existence d’une grande cohérence entre les différents
éléments, analyser la langue dans laquelle l’oeuvre est écrite, l’identité et le lieu de
résidence de l’auteur. Aujourd’hui, on parle de NEPAD, de renaissance africaine, d’unité
africaine des idées qui pourtant ne sont pas nouvelles et viennent de vieux rêves de la
décolonisation et du pan-Africanisme.
Notre recherche est une tentative d’évoquer des réponses aux idées qui existent
toujours dans une société où la littérature africaine est vue comme la subordonnée. Cette
étude cherche à s’interroger sur les aspects de l’oralité dans les romans Things Fall Apart
et Allah n’est pas obligé. Bien entendu, Allah n’est pas obligé s’inscrit dans le cadre de
la littérature francophone. Il s’agit d’un roman post-colonial tandis que Things Fall
Apart est un roman colonial. Things Fall Apart s’identifie avec la littérature anglophone..
En dépit du décalage temporel dans la parution de ces deux romans, nous voyons assez
d’éléments de l’oralité dans ces romans pour nous permettre de nous lancer dans cette
étude comparée.
L’écrivain africain continue d’écrire en français et en anglais, tout en s’inspirant
plus étroitement des traditions orales encore vivaces. Autant de questions qui débouchent
naturellement sur le problème des rapports de l’écrivain avec son public. Nous voulons
voir les ressources de l’oralité dans le corpus de base. Quelles sont leurs fonctions? Le
problème posé est donc celle de réconcilier, à travers le genre romanesque, les traits
caractéristiques de l’oralité et de l’écriture.
19
1.4. PORTEE ET DELIMITATION DE L’ETUDE
Quelque soit l’intérêt présenté dans cette étude, il convient toutefois d’en marquer
les limites dans la perspective qui est la nôtre. D’une part, la littérature orale est à la base
de la nature de cette étude, et d’autre part, elle contribue à l’évolution des moyens de
communication entre les hommes en Afrique contemporaine. Il est, en effet, certain que
la présence de l’oralité dans l’écriture est une idée importante pour la décolonisation de la
littérature africaine. L’introduction des langues vernaculaires ou de l’argot dans certains
ouvrages l’atteste. Kourouma marie ainsi des expressions malinkés au français sans que
cela altère la valeur de ses écrits. Lorsque Mongo-Mboussa interrogeait le sud-africain,
Zakes Mda sur la présence de l’oralité dans son oeuvre, ce dernier affirme: ” Cela m’est
venu naturellement. Il s’agit d’un héritage culturel qui, espérons-le, ne sera pas
éliminé.”7
Chinua Achebe et Ahmadou Kourouma ont écrit d’autres oeuvres qui sont
également profondes, mais à cause du facteur du temps, nous ne pouvons pas les aborder
toutes, la raison pour laquelle nous avons choisi Things Fall Apart et Allah n’est pas
obligé. Dans deux oeuvres où les deux auteurs ont utilisé abondamment des ressources de
l’oralité qui constituent le point de mire de cette présente étude, il existe d’autres
domaines qu’on peut étudier. Pourtant, pour que nous puissions approfondir sur un seul
sujet, nous avons choisi seulement les aspects de l’oralité comme les proverbes, les
contes, les chansons, le tambour, la superstition, le surnaturel, les mythes et les légendes
utilisés par les auteurs. L’emploi de la nature et de la coutume dans les romans et
l’idéologie transmis par les romans faciliteront la compréhension de ces deux oeuvres.
La littérature orale est vaste. C’est un sujet qu’on pourrait appliquer à beaucoup
d’autres oeuvres littéraires de l’Afrique noire. En fait, notre travail serait riche si nous
20
pourrions étudier beaucoup de romans à la lumière de notre sujet, mais dans cette étude
nous nous limiterons non seulement à Achebe et Kourouma mais à Things Fall Apart et
Allah n’est pas obligé en particulier. Nous ne sortirons pas du cadre de nos textes, sauf
aux cas où nous avons recours à tel ou tel intertexte. Nous nous concernons seulement
avec les ressources de l’oralité dans nos oeuvres de base.
1.5. JUSTIFICATION DU SUJET
Avant que ne se développe une littérature écrite, l’activité littéraire africaine se
fait de la tradition orale. Dès qu’il y a deux ou plusieurs études sur ce sujet, elles varient
d’une personne à l’autre, les idées sont toujours différentes ainsi que le mode
d’expression. Il est nécessaire d’éviter la reprise des études sur les vieux thèmes et les
terrains battus et rebattus.
Le choix d’étudier les romans de Chinua Achebe et d’Ahmadou Kourouma relève
la vision de la libération de la littérature africaine. Nous constatons aussi que Kourouma,
lui-même a écrit Les soleils des indépendances et à travers cette oeuvre, il montre
l’importance de la littérature orale africaine (par exemple, l’usage des proverbes pour
communiquer son message à son public). Et aussi, Achebe a écrit beaucoup de romans
où il utilise les aspects différents de la littérature orale comme les ressources de l’oralité.
Dans la littérature orale, l’unité de l’action se justifie par le souci de la clarté. Son
maintien dans le roman moderne atteste la pérennité d’une certaine tradition des formes.
On ajoute que cette reprise s’accorde avec le rôle du présentateur des romanciers qui
décrivent et dénoncent tout à la fin l’état de la société africaine.8 La littérature
traditionnelle s’intéresse moins à la situation de l’individu qu’à des valeurs
communautaires susceptibles de renforcer la cohésion du groupe.
21
En reconnaissant que certains procédés narratifs peuvent constituer une entorse à la
tradition, Mohammodou Kane9
prévient l’interprétation qui lui fait dire que le romancier
africain est condamné à limiter les formes traditionnelles du discours narratif. Un
emprunt à la littérature orale traditionnelle réside dans la relation correspondant à celle
qui existe dans la littérature orale entre le conteur et son auditoire. Deux raisons motivent
pour nous, la volonté de présentation des sociétés africaines et engagement de l’écrivain
dans la lutte anti-colonialiste. Un grand nombre de romans africains constituent, pour la
plupart, un prolongement des techniques d’écriture de la littérature traditionnelle. Les
écrivains sont tout aussi formels quant à l’intérêt du recours à la tradition orale. Ils
trouvent la justification dans un souci didactique qui participe tout à la fois à l’oralité à
une situation née du contexte colonial. Il reste, cependant, à établir l’importance des
romanciers qui pratiquent l’insertion de l’oralité. On peut trouver une illustration de cet
effort d’adaptation dans les romans de Chinua Achebe et Kourouma où les auteurs
parviennent à plier le français et l’anglais parfois non sans violence, à la réalité africaine.
Notre choix de Things Fall Apart et d’Allah n’est pas obligé se justifie par,
i. Leur différence linguistique; l’un est l’anglais et l’autre, le français.
ii. Leurs contextes culturels; l’un se situe au Nigéria chez les Igbo,
donc un monde anglophone, l’autre se situe en Côte d’lvoire chez les
Malinké, donc un monde francophone.
iii. Leurs dates de publication; l’un publié en 1958 pendant la période
coloniale; l’autre publié en 2000 dans la période d’après les
indépendances, un moment dans l’histoire de l’Afrique noire proprement
appelé le postcolonialisme.
A travers ces trois paramètres, nous serons en mesure de parvenir aux constatations
valables, justes et authentiques. On ne peut pas tirer des conclusions valables sans
22
l’établissement d’une répétition de certaines tendances ici et là, et de la perpétuation de
ces tendances tout au long du siècle et dans de divers contextes culturels.
Considérant que l’utilisation d’une langue européenne accentue les distances
entre l’écrivain et son public, et donc coupe l’élite de la masse, il semble que l’emploi
d’une langue africaine dans la littérature se justifie pleinement et finira par s’imposer.
L’écrivain d’aujourd’hui est mal placé pour être héritier d’une tradition africaine. En
raison des conditions d’oppression dans laquelle il est apparu, l’africanisme a été souvent
disqualifié, né dans l’époque de la colonisation qu’il souhaite mieux connaître l’Afrique
pour mieux la dominer. L’africanisme tend à être considéré comme un savoir impur,
marqué des motivations et dépendant de champ du pouvoir colonial. Nous pouvons voir
l’idée d’Achebe,
Unlike some African writers struggling for acceptance among
contemporary English language novelists, Achebe has been able to avoid
imitating the trends in English literature. Rejecting the European notion
“that art should be acceptable to no one and (needs) to justify itself to
nobody” as he puts it in his book of essays, Morning Yet on Creation Day,
Achebe has embraced instead the idea at the heart of African oral traction:
that “art is and always was, at the service of man.10
Cette étude s’interroge sur la possibilité de retrouver le sens perdu, et restituer la
force des valeurs anciennes. Pour un bon nombre d’auteurs, le développement de cette
littérature est, en effet, inséparable de la promotion des langues africaines. Ainsi le fait
d’utiliser une langue d’emprunt pour exprimer sa propre culture aboutit non seulement à
une transformation du message mais à ce qu’Achebe décrit comme une véritable
trahison.11 Il déclare: “But for me there is no other choice. I have been given the language
and I intend to use it.”12 Voilà qu’Achebe comme Kourouma et d’autres écrivains
africains qui se rangent dans l’école des déconstructionistes comme le note
Onyemelukwe ” have recourse to a whole process of Africanisation of the foreign
23
medium.”13 Ce processus comporte, entre autres, l’usage des ressources de l’oralité ce qui
fait l’objet de notre étude et motive notre choix d’Allah n’est pas obligé et de Things
Fall Apart où ces éléments figurent abondamment. Que notre choix d’auteurs soit
adéquat est souligné d’abord par ce commentaire fait par Onyemelukwe à l’égard
d’Achebe:
He raised African literature to the level of weltliteratur through his skilful
appropriation or indigenisation of the English language to suit the culture
and sensibilities of Africans who constitute his primary audience. In the
art of linguistique decolonisation, Chinua Achebe is second to none.14
Deuxièmement, par cette opinion exprimée par Chinweizu et.al.: “To date,
Achebe is perhaps the best experimenter in this matter in English and
Ahmadou Kourouma … in French.”15
1.6. IMPORTANCE DE L’ETUDE
Nous voulons rechercher dans les écritures littéraires ce que préconisent des
auteurs comme Ahmadou Kourouma, Chinua Achebe et Okigbo, comme les moyens à
travers lesquels la littérature africaine peut réagir sans être colonisée. L’emploi des
aspects de la littérature orale africaine comme les proverbes, les contes et les chansons
dans les romans africains montre que l’Afrique a une culture. Selon Adekanmi Onidare,
The Francophone and Anglophone Africans who read L’Enfant noir and
The African Child will confirm that what Laye expresses in the novel is
true in varying degrees in their own environment (…) that the social
organisations established by the Africans were different from those of the
colonising Europeans (…) Camara Laye has shown that the colonising
countries were lying when they were claiming that Africans had no
culture.16
Ahmadou Kourouma montre dans Les soleils des indépendances, qu’il s’intéresse
à la décolonisation de la littérature africaine par l’usage de la langue maternelle, malinké
24
et quelques ressources de l’oralité. Allah n’est pas obligé est la continuation des
réflexions de Kourouma sur la libération de l’Africain. Nous allons voir que Allah n’est
pas obligé traite de quelques aspects de la culture africaine. Dans ce roman, Kourouma
paraît continuer avec son experimentation concernant la décolonisation de la littérature
africaine. Il parle bien sûr de la guerre, du viol, du pillage, du massacre et du vol parmi
tant d’autres. Mais dans cette étude, nous voulons voir les aspects de l’oralité dans ce
roman. Dans le roman, Things Fall Apart, Chinua Achebe parle de la destruction de la
vie tribale suite à l’arrivée des Européens, aussi parle-t-il de l’inépuisable littérature
orale. Ce dernier nous intéresse fortement. Chinua Achebe utilise dans ce roman,
beaucoup de proverbes et il dénature la langue anglaise à embellir son écriture africaine.
Cette étude nous permettra de voir les valeurs et les fonctions des ressources de
l’oralité dans la littérature africaine. Elle nous permettra aussi d’apprécier les romans
africains. A travers cette étude nous comptons aussi démontrer que seule la bonne volonté
est capable de faire les rapports entre les écrivains et leur public. Nous essayerons de
montrer que les écrivains africains sont capables, ils ont les talents et ils ont leurs
contributions à faire pour améliorer l’image de l’homme africain, et particulièrement, la
littérature africaine. Ce travail mettra l’accent sur cet esprit de corps qui doit régner pour
que la lutte contre la colonisation qui continue sous d’autres formes même après les
maîtres coloniaux ont longtemps quitté le sol d’Afrique soit efficace.
Le choix des romans de Chinua Achebe et d’Ahmadou Kourouma n’est pas par
hasard. L’usage des langues maternelles de ces deux écrivains et les ressources de
l’oralité dans leurs romans ont montré le rôle que joue l’oralité dans la littérature écrite
africaine. Leur style est très original. Achebe comme Kourouma ne suit pas les règles
grammaticales de la l’anglais et la langue française. On constate chez les deux écrivains,
par exemple, l’usage des mots locaux ou africains comme “egwugwu”, “ekwe” (voir
25
Things Fall Apart) ,17 “faforo” et “gabarit” (voir Allah n’est pas obligé).18 Ils veulent
communiquer à leur public africain entre autres. Le rapport entre l’écrivain et son public
est très important et leur complémentarité explique en grande partie le succès de leurs
oeuvres.
Cette étude nous aide à exprimer et à maintenir la cohésion de la littérature
africaine, à conserver vivante sa culture et à contribuer à son pouvoir de divertir en même
temps qu’à son édification morale. Nous essayerons de montrer que l’écrivain est le
porte-parole et le guide de son peuple, et il a une très haute conscience de sa
responsabilité.
Les données de cette recherche faciliteront la compréhension de ces deux textes
pour les lecteurs enthousiastes et les futurs chercheurs. Il est à retenir fortement que les
constats de cette étude constituent, sans doute, une petite contribution au monde du
savoir. Le plus important est l’alphabétisation, afin de halter la domination étrangère.
1.7 LIMITATIONS DE L’ÉTUDE
Il serait tout à fait difficile de faire une étude exhaustive des ressources de
l’oralité dans nos textes de base. Nous avons eu un manque de moyen financier pour
voyager hors de Zaria pour faire des recherches. Le manque d’argent nous a restreint
dans plusieurs façons comme fouiller à l’Internet pour les informations et acheter certains
livres.
En considérant la contrainte du temps et le fait que le roman, Allah n’est pas
obligé est neuf et le roman, Things Fall Apart est un roman anglophone, cette étude est
limitée au sens que nous ne pouvons travailler qu’avec les matériaux à notre disposition
bien qu’il y en ait peu. Donc, notre travail sera considérable, peut-être, mais pas
exhaustif.
26
1.8. DEFINITION DES TERMES-CLES
Dès l’ouverture jusqu’à la fin de cette étude, nous allons utiliser quelques mots
spécialisés. Il devient donc nécessaire de les définir. Ce sont les suivants: la littérature
orale, l’oralité, la littérature africaine, les ressources de l’oralité, la décolonisation,
NEPAD et l’africanisation.
1.8.1. La littérature orale
Selon Ruth Finnegan,”Oral literature is by definition dependent on a performer
who formulates it in his work on a specific occasion.”19 Elle dit aussi: ” But it should be
clear that oral literature has somewhat different potentialities from written literature and
additional resources which the oral artist can develop for his own purpose; (…).”20 Alain
Ricard le définit comme: “une autre langue à traduire, c’est ensuite un autre moyen de
communication à restituer.”21 La littérature orale a ses procédés stylistiques, ses formes
propres, qui supposent un travail sur les textes originaux.22 Selon Pius Ngandu
Nkashama, ” la littérature orale est réalisée uniquement dans les langues locales.”23
Le terme ” Littérature orale ” qui apparaît tout d’abord comme un oxymoron
“littérature” est, dans nos sociétés, associée à l’écrit désigne un genre très vaste et
diversifié.24 Il regroupe à la fois les contes, les mythes, les proverbes, etc. Ces genres de
la littérature orale sont universels. Ils ont une grande importance sociale et une structure
linguistique particulière. Il existe une grande solidarité entre les différents genres de la
littérature traditionnelle. Les proverbes sont bien souvent l’essence d’un conte et le conte
est souvent l’illustration d’un proverbe.25 Il n’y a pas de réelles frontières entre les
différents genres de la littérature orale, ils utilisent le même stock thématique et
remplissent les mêmes fonctions socioculturelles.
27
Il existe aussi une littérature particulière réservée à certaines occasions, par
exemple, veillées funèbres, récolte, tissage et initiation. Elles sont différentes d’une tribu
à l’autre et constituent une constante des sociétés orales. Remarquons ici que certaines
productions orales comme la littérature initiatique se récitent dans la brousse, loin des
regards indiscrets. On peut également réciter sur la place publique ou au centre d’une
concession. Elle implique la présence de l’émetteur et du récepteur à portée de voix sauf
dans le cas des tambours parleurs.
La littérature orale n’est pas très différente de la littérature écrite mais elle subit
d’autres contraintes liées à son oralité. La première caractéristique de la littérature orale
est son dualisme. Elle est passée puisque traditionnelle, mais elle est aussi tournée vers le
futur et la transmission. Elle illustre parfaitement le rôle et l’importance de la parole dans
les sociétés traditionnelles. Mythes, légendes, contes sont les formes de la littérature orale
qui ont fait l’objet de la plus vaste collecte, mais on trouve dans la société africaine
d’autres formes d’expression, tout aussi importantes. Ce sont les proverbes, les chansons,
le surnaturel, entre autres. L’influence de l’héritage orale se fait nettement ressentir dans
les thèmes, le style et l’esprit des oeuvres de nombreux écrivains contemporains.
Comme nous l’avons déjà dit au début de cette étude, c’est la littérature orale
africaine qui avait donné naissance à la littérature écrite africaine. D’ailleurs, pour
chaque littérature, c’est toujours l’oralité qui est la base de l’écrit. D’une immense
richesse, la tradition de la littérature orale africaine continue de s’épanouir aujourd’hui
malgré les réalités de l’Afrique post-coloniale. Par exemple, le transistor et le cinéma ont
tendance à se substituer de plus en plus aux vieux diseurs de jadis. “Dans l’Afrique
d’aujourd’hui, prophétise l’érudit malien Hampate Bâ, chaque vieillard qui meurt, c’est
une bibliothèque qui brûle.”26
28
1.8.2. L’oralité
Le mot “Oralité” selon Le Petit Larousse Compact, est le caractère oral; caractère
d’une civilisation dans laquelle la culture est essentiellement ou exclusivement orale.27 La
définition de l’« oralité» qui est érigée en modèle du discours romanesque, comporte
deux aspects complémentaires: d’abord l’aspect «littéraire» concrétisé par le vaste
domaine de la littérature orale, dont la fictive est de codifier le comportement de
l’homme traditionnel; ensuite, l’aspect non verbal où se trouve inscrit la sagesse
millénaire de l’Afrique (…) en autant de textes vivants qui forment le corpus de la
culture.28
L’oralité est le porte-parole de la pensée et des valeurs collectives. Elle est un
enseignement. Comme la parole, elle engage la société. Elle remplit des fonctions
pédagogiques, initiatiques, etc. A l’aube de la littérature africaine moderne, quand les
Africains sont obligés de partager leurs arts littéraires avec d’autres peuples, quand les
écrivains africains sont obligés d’emprunter les mots de l’Europe pour clamer leur
humanité africaine, c’est grâce à l’oralité africaine qu’ils ont pu maintenir leur identité
africaine.29 L’oralité est un témoignage qu’une génération transmet à la suivante, ce qui
comprend non seulement ce que l’on raconte des événements du passé, mais aussi toute
une littérature orale où l’imagination a sa part. Il ne faut pas envisager l’oralité comme
l’absence d’écriture, ce qui serait la définir de façon négative. En réalité, l’oralité
littéraire est aussi riche en contenu et en variété que celle de n’importe quelle autre
sphère culturelle qui utilise l’écriture. L’oralité ne faisait qu’agrandir son importance
avec chaque jour qui passe. Elle a fini par devenir la pièce d’identité qui distingue la
tribu, l’ethnie, même le clan de chaque écrivain africain.30
29
1.8.3. La littérature africaine
La littérature doit être considérée dans sa relation inséparable avec la vie de la
société qui se fonde sur des facteurs historiques, sociaux, économiques et politiques.31
Pour Chinweizu, Onwuchekwa et Madubuike, la littérature africaine est: “an autonomous
entity separate and apart from all other literatures. It has its own traditions, models and
norms.”32 Selon les mêmes écrivains, “works done for African audiences, by Africans
and in African languages, whether these works are oral or written, constitute the
historically indisputable core of African literature.”33
C’est dans le contexte d’une combinaison de critères: langues et consciences
nationale et culturelle proposés par Chinweizu et.al. qu’Onyemelukwe définit la
littérature africaine comme,
Pieces of creative writing in African languages (autochthonous or non –
autochthonous) by Africans or non – Africans who have lived long in
Africa about Africans’ lives and experiences, primarily for Africans and
by extension, for others in the world.34
Par les langues non-autochtones africaines, Onyemelukwe fait réfèrence aux
codes importés tels que le français, l’anglais, le portugais et l’allemand, ces langues qui
constituent le médium de la créativité littéraire pour quelques Africains comme
Kourouma et Achebe. Elle note que, “Les écrivains africains comme Achebe et
Kourouma qu’elle classe comme déconstructionistes, au lieu de rejeter les codes importés
à la manière des constructionistes autochtones qui profèrent l’usage sans borne des
langues autochtones africaines, ont recours à la déconstruction tantôt libérale tantôt
radicale des langues étrangères et à la reconstruction de ces langues par l’entremise de
plusieurs stratégies y inclus l’usage des ressources de l’oralité.”35
30
Elle dit aussi:
The deconstructionists’ experimentation on deconstruction and
reconstruction have, without doubt, ushered in new codes quite different
from the original borrowed languages and which, in this era of
globalisation, have attained the status of African languages in the sense
of languages also spoken by Africans. Therefore, we maintain firmly that
just like autochthonous African languages these non – autochthonous
African languages are authentic vehicles of literary expression in African
literature.36
La littérature moderne d’Afrique noire se situe dans divers courants littéraires.
Ses propres traditions locales sont aussi diverses. La littérature africaine dresse le portrait
de la réalité politique et sociale moderne. Les oeuvres des Africains sont fondées sur les
traditions indigènes et des visions du monde typiquement africaines.
1.8.4. L’africanisation de la littérature
Pour Littératures francophones d’Afrique de l’ouest, l’africanisation de la
littérature est conçue comme il s’agissait, pour eux, de présenter une Afrique moins
frelaté que celle souvent caricaturée par la littérature coloniale. Leurs textes, après les
indépendances, ont été popularisés par les collections de poche, inscrits aux programmes
scolaires; ils sont devenus les classiques de la nouvelle culture africaine et ont enfin
trouvé leur public africain.
Le rôle du griot est attaché à une définition de l’auteur plutôt en tant
qu’enseignant et conservateur de l’identité et de la culture africaine qu’en tant
qu’« auteur-artiste ». Et c’est dans ce contexte que les auteurs ne veulent plus s’adresser
au public français et au public anglais mais de plus en plus au public africain. L’élite de
l’administration, les intellectuels, les hommes politiques et les enseignants, bref l’élite
francophone lettrée, augmente considérablement, parallèlement la création de maisons
31
d’édition en Afrique soutient ce phénomène. Les auteurs africains de cette époque
introduisent des passages dialectaux et transfèrent des textes ethnographiques aux textes
littéraires. C’est pourquoi la critique littéraire parle souvent d’une littérature africaine.
Des maisons d’édition africaines se sont créées. Il est arrivé que des livres réalisés et
diffusés essentiellement en Afrique deviennent de grands succès: cela est le cas, par
exemple, d’Une si longue lettre (1970) de Mariama Bâ,37 qui a sans doute répondu a
l’attente d’un large public africain.
On parlait à l’époque de la Négritude de la littérature africaine, il faut
aujourd’hui employer le pluriel et sans doute distinguer autant de littératures nationales
qu’il y a d’Etats dans l’Afrique de l’ouest.
L’africanisation de ces littératures se manifeste par de nombreux traits: la
naissance d’un roman critique (…), s’interrogeant sur les formes du
despotisme africain (…), plaçant des héros désaccordés dans un cadre
romanesque flottant (…), c’est aussi le développement d’une littérature de
prise de conscience sociale, invitant les lecteurs à réfléchir aux conditions
de la vie de tous les jours. Parallèlement, le public rencontré par l’écriture
féminine (…), montre l’évolution des mentalités.38
Un fait peu symbolique témoigné de la maturité atteinte par les littératures de l’Afrique
de l’ouest. Ahmadou Hampate Bâ, à travers son oeuvre, nous démontre que la sagesse
africaine résulte de l’ancienne oralité.
1.8.5 Les ressource de l’oralité
Tout en étant un genre importé le roman africain, ne peut que se référer à
l’univers des écrivains africains, un univers ayant sa propre spécificité définie en fonction
des éléments différentiels qui le caractérisent par rapport aux formes romanesques
occidentales. Et l’un de ces éléments est l’emploi des ressources de l’oralité. Nous
32
devons préciser tout de suite que l’emploi des ressources de l’oralité ne constitue pas le
seul critère valable pour définir le roman africain.
Les ressources de l’oralité qui nous intéresse sont les mythes et la légende, les
contes, les chansons et le tambour, la superstition et le surnaturel et les proverbes. On
peut s’interroger sur la justification de classer la superstition et le surnaturel parmi les
ressources de l’oralité. Il faut se rappeler tout de suite de la définition que Ruth Finnegan
nous fournit de la littérature orale, les ressources de l’oralité comportent entre autres, ce
que l’artiste oral veut développer pour atteindre un objectif spécifique. C’est en ce sens
qu’il faut considérer que la superstition et le surnaturel figurent dans nos textes de base
parmi les ressources de l’oralité.
i. Les contes: Dans la classification de la tradition orale, Kester Echenim dit,
“le conte est généralement considéré comme une forme variable, dans la
mesure où il existe une certaine marge de manoeuvre pour le conteur.”39 Et
Effiong Ekpenyong a bien noté que, “le conte africain a d’humour et de
comique, …”40 Les contes populaires sont généralement racontés le soir
durant la saison sèche, et au clair de la lune. L’interaction entre le
narrateur et l’auditoire atteint souvent des sommets d’intensité dramatique.
Quelquefois, le conte est ponctué de musique et de chants, avec la
participation du public. Souvent, une consigne de bonne éducation est
ajoutée à la fin des contes racontés aux enfants, pour insister sur ses
implications morales.
ii. Les chansons et le tambour: Cette ressource de l’oralité joue un rôle
important dans la littérature orale. Les chansons servent à marquer toutes
les occasions, la guerre, la récolte, le tissage, l’initiation, le deuil, le
mariage et plus généralement, les cérémonies de la vie quotidienne.
33
Parfois, ils sont accompagnés avec le tambour. Le tambour est un moyen
efficace de communication africaine. Le tambour parleur est utilisé à
passer un message dans une langue codée, ou annoncer la mort de
quelqu’un.
iii. Les mythes et les légendes: Chaque société africaine a modelé ces
éléments au sein de sa propre littérature. Les mythes et les légendes sont
donc rarement différenciés de l’histoire dans les classifications indigènes,
mais considérés au contraire comme de vrais récits historiques que l’on
distingue des contes populaires, supposés fictifs. Elles font autorité en
matière de croyance surnaturelle et de pratique rituelle, et servent à
justifier la position sociale et l’autorité politique.41
iv. La superstition et le surnaturel: L’acte de parole, notamment dans son lien
avec le pouvoir, qu’il soit coutumier ou sacré, possède également une
fonction magique importante, c’est le cas, par exemple des incantations,
des médecins traditionnels et des sorciers ou encore des termes tabous,
susceptibles d’exercer une action directe sur le monde matériel et sur les
événements. Elle a pour fonction d’exprimer la participation de l’individu
au monde des vivants et au monde des ancêtres. Au niveau du monde des
vivants, elle permet:
– d’exprimer et de maintenir la cohésion du groupe,
– de conserver vivante sa culture,
– de contribuer à son divertissement en même temps qu’à son
édification morale.42
34
D’une façon générale tout le monde apprend qu’il a tout à gagner en
obéissant aux croyances de la communauté. Au niveau du monde des
ancêtres,
– la littérature orale traditionnelle fait partie du patrimoine ancestral
légué aux vivants et sa réitération ne fait que consolider les liens
étroits qui unissent les morts et les vivants;
– elle montre aux vivants en quoi ils sont redevables aux ancêtres;
– elle permet de concilier les forces du bien et d’exorciser les forces
du mal.43
On comprend donc l’importance qui est attachée à la parole bien dite, car à
certains moments la parole a véritablement valeur d’acte.
v. Les proverbes: Les proverbes sont souvent employés pour renforcer des
arguments et pour enrichir la conversation. L’utiliser avec habileté est,
dans les sociétés africaines, un signe d’érudition et d’élégance dans
l’expression. De nombreux proverbes sont très subtils, et ne peuvent être
compris que par les auditeurs familiarisés avec la culture de celui qui les
énonce. L’étude des proverbes offre-t-elle une vision précise des valeurs
de base d’un groupe culturel? Selon Ruth Finnegan, “proverbs are a rich
source of imagery and succinct expression on which more elaborate forms
can draw.”44 Les proverbes peuvent être utilisés dans la conversation
courante pour guider, encourager, complimenter et désapprouver.
Certaines formes traditionnelles de la littérature orale ont survécu jusqu’à nos jours,
tandis que des formes nouvelles ne cessent d’apparaître.
35
1.8.6 La décolonisation
La décolonisation est un processus d’émancipation des colonies par rapport aux
métropoles. Elle implique le plus souvent l’accession à l’indépendance des pays
colonisés. Elle est supposée avoir commencé dès 1775 en Amérique, mais c’est au
lendemain de la Seconde Guerre Mondiale que le terme naît, au moment où le
phénomène prend une véritable ampleur mondiale avec le développement des
nationalismes. On peut dire qu’elle n’est pas encore terminée à ce jour.45 Conséquence
de la perte de pouvoir de l’Europe, affaibli par les luttes fratricides de la Seconde Guerre
Mondiale. Mouvement de libération nationale de peuples qui ne comprenaient pas
pourquoi les colonisateurs les appelaient à la rescousse de la démocratie à la lutte contre
la tyrannie sans leur accorder l’usage de cette même démocratie. Ceci donne la
conséquence du non rentabilité des capitaux investis dans une production extensive donc
l’impossibilité d’exporter la totalité d’une mode de vie.46 Opération de conquête substitut
de la colonisation, visant à démunir un peuple exotique en utilisant comme armes de
dissuasion des contrats politiques et commerciaux au lieu de fusils et de mitrailleuses.47
A notre avis, c’est la lutte de la libération nationale des peuples qui sont opprimés
d’une façon directe ou subtile.
1.8.7. NEPAD:
Le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) est une
vision et un cadre stratégique pour la Renaissance de l’Afrique.48
1.8.8. L’Africanisme:
C’est la notion de champ littéraire qui consiste à contribuer, à renouveler notre
regard sur la production littéraire africaine. Elle peut aussi permettre de voir autrement la
36
production scientifique réalisée par l’occident à propos de l’Afrique dans le cadre de la
colonisation.
L’africanisme, c’est le fait des chercheurs (Delafosse, Equilbecq, Griaule, etc.) qui
sont marqués par une idéologie républicaine et acquis aux idées de Durkheim (…). Elle
fait apparaître également le combat conduit par les chercheurs africains pour s’approprier
le droit et le pouvoir de produire un discours légitime sur l’Afrique. (…).49
1.9. DES ABREVIATIONS
Pour l’espace et pour éviter les répétitions, nous sommes obligés d’abréger
quelques titres des romans que nous allons utiliser au cours de cette étude. Things Fall
Apart (TFA) et Allah n’est pas obligé (ANO). Voir page quatre-vingt-deux et quatrevingt-
huit, par exemple.
37
NOTES
1. D.S Blair, African Literature in French: a History of Creative Writing in French
from West and Equatorial Africa (Cambridge: Cambridge University
Press, 1976) 1.
2. Ifeoma Onyemelukwe, Colonial Feminist and Postcolonial Discourses:
Decolonisation and Globalisation of African Literature (Zaria: Labelle
Educational Publishers, 2004) 183.
3. Ifeoma Onyemelukwe, “Decolonising the Language of African Literature”,
JAKADIYA, Vol. 3, No. 3. October, 2005, 24 – 51.
4. Jean-Louis Joubert et.al., Littératures francophones d’Afrique de l’ouest anthologie
(Paris : Nathan, 1994) 2.
5. Joubert,et. al., Littératures francophones d’Afrique … 2.
6. http://www.grioo.com/opinion74html
7. http://www.grioo.com …
8. Locha Mateso, La littérature africaine et sa critique (Paris: Karthala, 1986) 341.
9. Mohammadou Kane, Essai sur les contes d’Amadou Koumba, du conte traditionnel
au conte moderne d’expression française (Dakar: Nouvelles Editions
Africaines, 1967) 171.
10. http://www. Scholars.nus.edu.sg/landow/post/achebe/achebelio.html
11. Chinua Achebe, Morning Yet On Creation Day (London: Heinemann,
1975) 62.
12. Achebe, Morning Yet On Creation Day … 62.
13. Onyemelukwe, Colonial Feminist and Postcolonial Discourses: … 160.
14. Onyemelukwe, Colonial Feminist and Postcolonial Discourses: … 38.
15. Chinweizu, et.al. Towards the Decolonisation of African Literature (Enugu: Fourth
Dimension Publishers, 1980) 262.
16. Adekanmi Onidare, “Translation as an Instrument of Decolonisation”, V.O Aire and
C. Kuju (eds.), The French Language and Culture (Jos: St. Stephen Inc.
Bookhouse, 2002) 332.
17. Chinua Achebe, Things Fall Apart (London: Heinemann, 1975) 29.
18. Ahmadou Kourouma, Allah n’est pas obligé (Paris: Seuil, 2000) 11.
38
19. Ruth Finnegan, Oral Literature in Africa (Nairobi: Oxford University Press, 1976)
2.
20. Finnegan, Oral Literature in Africa … 5.
21. Alain Ricard, Littératures d’Afrique noire des langues aux livres (Paris: Karthala,
1995) 41.
22. Ricard, Littératures d’Afrique noire des langues aux livres … 47.
23. Pius Ngandu N., ” Littératures Africaines “, Notre Libraire, No. 78, janvier – mars,
1985, 75.
24. http://www.afrology.com/litter/encyclo.html
25. http://www.afrology.com/litter/encyclo.html
26. Jacques Chevrier, Littérature nègre (Paris: Armand colin, 1984) 5.
27. Le petit Larousse compact (Paris: Larousse – Boardas, 1998) 720.
28. Mateso, La littérature africaine et sa critique, … 359.
29. Felix Ayoh’ Omidire, “Oralité littéraire et culture africaine dans le prologue de
Ferdinard Oyono à Une vie de Boy”, V.O. Aire et C. Kuju (eds.). The
French Language and Cultures (Jos: St Stephen Inc. Bookhouse, 2002)
314.
30. Ayoh’ Omidire, “Oralité littéraire et culture africaine dans le prologue de Ferdinard
Oyono à Une vie de Boy”, … 315.
31. C. Yande Diop, Présence Africaine, No. 19, Automne (Sherbrooke: Présence
africaine, 1979) 186.
32. Chinweizu, et. al, Towards the Decolonisation of African Literature … 4.
33. Chinweizu, et. al, Towards the Decolonisation of African Literature … 11- 12.
34. Onyemelukwe, Colonial Feminist and Postcolonial Discourses: … 146.
35. Onyemelukwe, Colonial Feminist and Postcolonial Discourses: … 183.
36. Onyemelukwe, Colonial Feminist and Postcolonial Discourses: … 183.
37. Joubert, et.al., Littératures francophones d’Afrique … 9.
38. Joubert, et.al., Littératures francophones d’Afrique … 9.
39. Kester Echenim, “De l’oralité dans le roman africain”, Peuples noirs, peuples
africains, No. 24, 1981, 120.
39
40. Effiong Ekpenyong, “De l’oralité à l’écrit : Etude de la Tortue d’Elerius John”, La
revue des études francophones de Calabar (RETFRAC) – Calabar Journal
of Francophone Studies, Vol. 1, No.2, Août, 2002, 59.
41. http://www.afrology.com/litter/encyclo.html
42. Chevrier, Littérature nègre … 201.
43. Chevrier, Littérature nègre … 201.
44. Finnegan, Oral Literature in Africa… 389.
45. Fr. Wikipedia. Org/Wiki/D% C3% A9 Colonisation
46. rad 2000.free.fr/glosseco.htm
47. www.gonthier.ch/humour/d.html
48. http://www.nepad.org/2005/fr/inbrief/php
49. Textes réunis par Ronald Fonkoua et Pierre Halen avec la collaboration de
Kartharina Städtler, Les champs littéraires africains (Paris: Karthala,
2001) 68 – 70.

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